Les résidus du facteur choc

Lors d’un magnifique dimanche soir en juillet dernier, assise sur les rochers à Maine durant mes vacances, une très bonne amie a mis sa main sur mon épaule, puis pris ma main et me dit, « Claire, laisse ça passer. Il est temps de lâcher prise. Il est temps que tu arrêtes d’être si dure envers toi-même… » J’étais bouche-bée. Comment savait-elle ce que je ressentais? Je me suis rendue compte dans ce moment que les sentiments toxiques que je retenais et que je ne dévoilais qu’à ma famille étaient à présent visibles au monde extérieur. Ça faisait un an que mon mari aussi me suppliait de « lâcher prise » et de me permettre d’aimer, de m’épanouir, d’être heureuse, et tout simplement d’exister. Jusqu’à tout récemment, je ne comprenais pas du tout ce que lui et mes proches, incluant un mentor très important dans ma vie, tentaient de me dire… avant ce jour.

J’appelle ça… les RÉSIDUS du FACTEUR CHOC :

Lorsqu’un individu devient soudainement aidant sans préavis et sa vie change du jour au lendemain.

Un cycle de colère, chagrin, et deuil face à l’interruption de sa vie de celle de ses proche.

Devoir s’adapter au stress constant d’attendre « l’appel » ne sachant jamais à quoi s’attendre.

Faire face constamment à des situations « prévoir l’imprévu » avec les enfants, parents, belle-famille, la santé, les amis, le travail, et le ménage, tout en même temps, et devoir y répondre rapidement

Malgré que mon rôle d’aidante à ma mère se soit achevé le 6 mai, 2016, quand elle fut vaincue par la maladie de l’Alzheimer, je m’étais si bien adaptée à être prête au pire à tout moment. Chaque fois que le téléphone sonnait et que je voyais soit le numéro inquiétant du centre de soins à longue durée de ma mère, celui de l’école des enfants, ou « Numéro inconnu, » mon corps devenait raide, mon cœur sortait de ma poitrine, et la sueur se formait dans ma nuque. Une thérapeute que je consultais comparait ces symptômes à ceux d’un soldat en guerre – ne sachant pas quand l’ennemi pourrait frapper.

Le défi de vivre dans cet état d’âme pendant si longtemps, 10 ans dans mon cas, est qu’il devient un style de vie, une habitude difficile à rompre. J’ai reconnu que je me sentais souvent tendue, mais je n’ai jamais vraiment apprécié l’effet que cela pouvait avoir sur mes proches et mon incapacité de véritablement profiter de ce que je recevais d’eux, et de la vie, incluant la beauté de cette soirée magique au Maine.

La vie fait subir une formation rigoureuse aux aidants. Nous devenons experts pour répondre à une panoplie de situations, de crises, physiquement et mentalement, et nous avons tous nos stratégies d’adaptation. Rarement nous donnons-nous la permission d’être, tout simplement, et de profiter de nos propres vies car nous sommes constamment distraits par nos responsabilités de porter soin et progresser toujours aux prochaines étapes. Durant mes années d’aidante, je me suis tant poussée à devenir une héroïne qui pouvait relever tous les défis que j’ai subi les conséquences en souffrant d’une dépression nerveuse en 2011.

Au cours des dernières années, j’ai acquis plusieurs compétences grâce aux thérapies et ateliers afin de surmonter mon complexe de « Super Woman », mais je me rends compte à présent que les « résidus du facteur choc » me sont inhérents au point d’avoir un important impact sur mes relations avec ma famille et avec moi-même, et qu’ils m’empêchent de vivre ma vie pleinement. Comme m’ont dit mon mari et mon amie, « Claire, c’est le temps de lâcher prise. » La vie peut continuer à me présenter des défis, mais je reconnais maintenant qu’il est temps pour moi de vivre, aimer, profiter, et respirer.