Merci, mais nous ne sommes « pas rendus là encore »

Combien de fois ai-je entendu cette phrase des aidants, à répétition, alors que je tentais d’offrir de l’aide ou du soutien dans les dernières années? C’est comme si les aidants étaient nés avec cet automatisme d’éviter tout initiative qui risquerait de pénétrer leur monde, alors qu’ils veulent de l’aide à tout prix mais se sentent trop dépassés par leurs obligations ainsi qu’un sens indu de « CULPABILITÉ! » Pourquoi les aidants (je parle ici de famille immédiate – époux et enfants) sentent qu’ils n’ont pas la PERMISSION de demander du soutien quand ils prennent soin de leur proche et, encore plus, pourquoi les aidants sentent-ils qu’ils n’ont pas la permission d’avoir leur propre vie? En moyenne, seulement 12% des aidants de patients souffrant de démence demandent du soutien. Je suis à l’affût de cette statistique depuis une classe à laquelle j’ai eu le privilège d’assister à l’Université d’Ottawa, alors qu’une élève passionnée défendait sa thèse « Évaluer les espoirs et attentes des aidants par rapport aux soins de répit. »

La vérité, c’est que ma propre réponse quand on m’offrait de l’aide était « ça va, merci. » La vérité était que ça n’allait PAS… DU TOUT! J’étais MALHEUREUSE! Comme tous les aidants qui en ont ASSEZ, quand l’opportunité se présente dans le bon contexte, je pouvais me vider le cœur, attendant, espérant, suppliant qu’une recommandation/solution me tombe sur les mains, mais aussitôt qu’une se présentait… je répondais par défaut… « Merci, mais ça va! »  Je me croyais seule à être si entêtée, mais ce n’est évidemment pas le cas vu que je rencontre sans cesse des aidants qui veulent à tout prix se convaincre et convaincre tout le monde autour d’eux qu’ils sont exceptionnellement résilients et peuvent poursuivre leur chemin seuls sans aucun soutien… jusqu’à qu’ils ne le soient plus… et la crise qui s’ensuit a non seulement un impact profond sur leur propre santé, mais aura un effet ondulatoire sur leur entourage, incluant ceux à leurs soins.

Aux autres aidants je vous dis, je vous en prie, ARRÊTEZ de dire « noue ne sommes pas rendus là » et soyez ouverts au soutien qui s’offre à vous.